Le streaming au temps du Corona

De Sarah Le Corff

Depuis le début du confinement, les pratiques évoluent en termes de consommation de musique. On note de manière générale une baisse drastique de la consommation de musique en streaming, avec certains points de rebond ou de stabilisation ponctuels. Avec les étudiants du Mastère Spécialisé® Management de la Filière Musicale d'Audencia Business School basé à Paris en France, l'Equipe Gigstarter s'est penchée sur la question. Comment s’expliquent ces tendances en Europe ? Quelle analyse tirer sur notre manière d’écouter de la musique ?

Une baisse globale et certains succès

A l’échelle mondiale, le mois de mars a été le signe du déclin pour la Spotify, avec une baisse globale d’écoute de 11,7%. La sortie du dernier album de The Weeknd, After Hours, (20 mars 2020) a engendré une hausse soudaine des écoutes et l’album est devenu n°1 du Billboard avec plus de 169,000 équivalents de vente la première semaine.



After Hours - The Weeknd

En Italie, la vente des supports physiques enregistre une baisse de 60% depuis le début de la crise du Coronavirus. Cette baisse peut s’expliquer très simplement par la fermeture des lieux de vente, comme c’est le cas dans différents pays Européens. Mais l’Italie enregistre également une baisse de l’écoute en streaming, que l’on explique pour deux raisons principales : on parle d’une part de la « baisse de nouveautés » qui ne stimule plus les temps d’écoute et surtout la baisse de mobilité des individus : en Italie, l’écoute de musique en streaming constitue principalement un accompagnement dans les déplacements quotidiens et en voiture, déplacements qui ne sont plus réalisés depuis la mise en place du confinement dans le pays. (Italie : 247,8 M€ de CA pour la musique enregistrée en 2019 (+8%), physique à -60% depuis la crise)

Les français déclarent passer plus de temps sur du streaming vidéo en s’abonnant aux plateformes comme Netflix ou Amazon (sans compter l’arrivée de Disney+ qui a séduit plus de 50 millions d’utilisateurs dans le monde), mais il semble qu’ils écoutent moins de musique et s’abonnent moins aux plateformes de streaming musical.

En France, le mois de mars s’est traduit par une baisse d’écoute de 15%, avec cependant un rebond à la sortie de la mixtape M.I.L.S 30 de Ninho qui s’est hissée en top des ventes par la suite. Cependant, la baisse des streams en France reste continue avec 100 899 644 streams la semaine du 2 avril, contre 139 666 997 streams la semaine précédant l’annonce du confinement.
En parallèle, un rapport HADOPI annonce que « 40 % des personnes écoutant de la musique sur internet en consomment plus » : les plateformes de streaming, comme Deezer, tentent de mettre en place des outils dédiés à l’information et au divertissement pendant confinement. A ce titre, les plateformes ont constaté une explosion des heures d’écoute de leurs outils de radio. Les plateformes de streaming sont donc toujours sollicitées, mais pour des usages différents.

Les nouveaux comportements des consommateurs

Dans le même temps, Deezer et Spotify déclarent avoir enregistré plus d’écoutes de podcasts liés au bien-être et de playlists liées aux activités domestiques du quotidien (ménage ou cuisine), et une baisse d’écoute aux heures de pic habituelles, soit celles du départ au travail et du retour des individus à leur domicile. A l’inverse, on note des heures d’écoute en continu sur la plage 10h-17h, et, pour Deezer une hausse des écoutes « depuis fin mars et sont en train de se stabiliser ». De surcroît, l’émergence des livestreams commencent à générer des revenus.
Également, les smartphones ne sont plus les premiers supports d’écoute au profit des ordinateurs, enceintes intelligentes ou encore les consoles de jeux.



Concert en ligne avec le chanteur-compositeur Raoul Michel

Pour comprendre la variation du volume d’écoute, Deezer s’appuie sur ce qui a été observé en Italie et considère qu’il s’agit en fait d’attendre que les populations s’habituent à la vie en confinement pour réintégrer la musique dans leurs nouvelles habitudes du quotidien, ce qui expliquerait que les statistiques repartent à la hausse pour le mois d’avril après les chutes drastiques du volume d’écoute global en mars.
Pour pallier la baisse d’écoutes au global, Deezer s’est adapté au confinement en créant un espace dédié : « On reste à la maison » avec la mise en avant de playlists et podcasts.

Une chose est claire : on écoute de la musique différemment en streaming. La musique devient plutôt un moyen de nous accompagner pendant la journée. Certains peuvent penser que les concerts sont ce qui nous permet le plus de profiter réellement d'un artiste et de la musique sans faire autre chose. Qu'en dites-vous?

Audencia Business School & le MS® Management de la Filière Musicale

L'école de commerce française Audencia a ouvert en septembre une formation d'un an pour comprendre les enjeux de la filière musicale. L'année est divisée entre les cours et un stage de 4 à 6 mois et les étudiants réalisent une thèse professionnelle pour approfondir une thématique du secteur.
La formation compte de nombreux partenaires qui interviennent auprès des étudiants pendant l'année et permettent de construire un réseau de professionnels de la musique.

class Les étudiants et partenaires du MS® MFM d'Audencia - crédit photo : Jean-Michel Rousvoal

Sources : News Tank Culture, Music Business Worldwide, Billboard.

Et pour vous, le confinement c'est en musique ou sans musique? Gigstarter a mis à jour sa Playlist sur Spotify, de quoi faire le plein de belles découvertes!

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Tags: streaming, artistes, consommation, confinement, coronavirus